Renouer le lien social

L'individualisme a mauvaise presse. Sans doute n'est-il pas étranger à la dislocation du lien social que connaissent aujourd'hui les sociétés occidentales : désaffection des valeurs collectives, repli sur soi, culte de l'ego, dépression? Cette crise de l'égoïsme triomphant suscite autant la nostalgie des identités perdues que le rejet, parfois violent, du modèle libéral. La société moderne est-elle en voie de dissolution ? La seule alternative serait-elle le retour à l'archaïque lien communautaire ? Une telle conclusion négligerait une dimension importante de la mutation sociale contemporaine : l'émergence du fait associatif. Des groupements de consommateurs aux mouvements humanitaires, des coordinations de salariés aux organisations de défense de toutes sortes, la dynamique associative est, en Europe, en pleine expansion. L'association ne témoigne-t-elle pas d'une nouvelle forme de lien social, conjuguant engagement collectif et autonomie individuelle ? C'est l'avis du sociologue Roger Sue qui voit dans l'apparition de cet indispensable agent démocratique l'indice d'une société civile devenue majeure. Les analyses de Renouer le lien social donnent à comprendre et à espérer. Elles peuvent être complétées par La Richesse des hommes. Vers l'économie quaternaire, du même auteur, et par Essais sur l'individualisme de Louis Dumont, L'Ère du vide de Gilles Lipovetsky, De l'indifférence de Christian Delacampagne et La Fatigue d'être soi d'Alain Ehrenberg. -Émilio Balturi